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L'architecture par la gravure dans les collections du musée du Service de santé des armées

©musée du Service de santé des armées

Le 15 octobre 2020 - Le Val-de-Grâce -- Musée du Service de santé des armées

Les journées nationales de l’architecture, du 16 au 18 octobre 2020, sont l’occasion de se pencher sur les collections des musées relatives à ce domaine. Le musée du Service de santé des armées conserve dans ses réserves des gravures du XVIIe ou XVIIIe siècle détaillant l’architecture du lieu qui l’héberge, l’ancienne abbaye royale du Val-de-Grâce à Paris.

Le Val-de-Grâce, une histoire particulière

Abbaye royale puis hôpital militaire et école, le Val-de-Grâce abrite également depuis la Première Guerre mondiale le musée du service de santé des armées. Ses collections visent à mieux comprendre les fondements et les vocations multiples de la médecine aux armées, mais comportent également certains biens liés à l’histoire et à l’architecture du bâtiment. Fondée par Anne d’Autriche, l’abbaye témoigne de l’influence baroque italienne en France. La construction s’est étalée entre 1624 et 1667 et a vu se succéder plusieurs architectes, dont François Mansart (1598-1666), Jacques Lemercier (1585-1654), Pierre Le Muet (1591-1669) et Gabriel Le Duc (v. 1630-1696).

Représenter l’architecture par la gravure

Le musée du service de santé des armées conserve dans ses réserves une gravure attribuée à Jean Marot (vers 1619-1679), signée « I. Marot fecit », représentant une coupe de l’abbaye intitulée Profil de l’Eglise, du Cœur, et du Monastère de l’Abbaye Royalle du Val de Grace batie par la Reyne Anne d’Autriche. Cette épreuve est tirée du recueil de dessins d’architectures Le Grand Marot, de Jean Marot, et reprise dans l’ouvrage L’Architecture française, ou Plans... des églises, palais, hôtels et maisons particulières de Paris... créé par Jean Marot et son fils Daniel (vers 1619-1679), tous deux architectes et graveurs. La représentation de l’abbaye du Val-de-Grâce dans ces recueils témoigne de son importance pour l’architecture du XVIIe siècle. Elle nous donne aussi des éléments pour comprendre la distribution de l’ensemble, même s’il faut garder à l’esprit que les gravures de Jean Marot ont été exécutées à partir de dessins de Pierre Le Muet et ne sont pas exactement fidèles à la réalité. L’église et son dôme dominent le reste des bâtiments, en n’étant toutefois pas positionnés au centre de l’ensemble abbatial. Le graveur a représenté la manière dont a été conçu le dôme, grâce à la coupe longitudinale, mais également la richesse du décor intérieur. Il est ainsi possible de relever un vocabulaire ornemental caractéristique du style baroque avec la récurrence des pilastres surmontés de chapiteaux à ordre corinthien ainsi que la voûte en berceau ornée de caissons. Au centre figure le maître-autel, composé d’un baldaquin à six colonnes et d’un ensemble sculpté.

Le baldaquin, chef-d’œuvre de l’église

Une autre gravure, également conservée au musée du service de santé des armées, présente une élévation du baldaquin. Il n’y a que peu d’indications sur cette épreuve, mais il est possible d’avancer qu’elle a également été exécutée au XVIIe ou XVIIIe siècle. Probablement extraite d’un ouvrage sur l’histoire du Val-de-Grâce ou de l’architecture, à l’image de la première gravure, cette estampe semble avoir été réalisée en taille douce. Son auteur est parvenu, en modulant la densité des traits horizontaux et verticaux, à rendre les volumes de l’espace. Le baldaquin de l’église du Val-de-Grâce a été dessiné par Le Muet et Le Duc, les deux derniers architectes actifs sur le chantier. Il repose sur six colonnes torses en marbre surmontées de statues d’anges. De subtiles différences apparaissent entre cette représentation et le baldaquin tel qu’il est possible de l’observer, l’estampe lui donnant un aspect moins massif. Sous le baldaquin, le sculpteur Michel Anguier a représenté une Nativité. Depuis la Révolution française, la sculpture originale qui se trouve dorénavant en l’église Saint-Roch de Paris a été remplacée par une copie.

Pour voir un aperçu des collections du musée du service de santé des armées disponibles sur mémoire des Hommes, cliquez ici.

Pour aller plus loin :

- Lien vers le musée du Service de santé des armées

- Le Val de Grâce, sous la direction de Claude Mignot et Alexandre Gady, Editions de l’Esplanade, 2019

- L’Architecture française, ou Plans… des églises, palais, hôtels et maisons particulières… par Jean Marot et fils. Publié par P.-J. Mariette

Vidéos des restaurations des monuments du Val-de-Grâce :

- JEP 2018 : restauration des statues des anges et des génies du Val-de-Grâce

- La restauration des statues du Val de Grâce (2019)

 

Publié le 15 octobre 2020.

©musée du Service de santé des armées