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Les campagnes du Directoire et les campagnes napoléoniennes (1795-1815)

Au sein du Dépôt de la Guerre, les campagnes sont traitées par année, plus que par zone géographique. Seules sont représentées les victoires.

L’intérêt que Bonaparte porte à la représentation de ses victoires et à leur diffusion est précoce. Conscient que la campagne d’Italie pouvait lui permettre d’asseoir son autorité, il s’attache à faire connaître au public les victoires qu’il a remportées. Dès 1796, il engage pour ce faire un artiste piémontais, Giuseppe Bagetti (1764-1831).

Les dessins de Bagetti, dotés de qualités esthétiques, historiques et documentaires très précieuses, témoignent d’une grande maîtrise technique sachant traduire par quelques traits le souffle des victoires de la Grande Armée. Bagetti donne une impulsion hors du commun à la production du Dépôt de la Guerre, avec une oeuvre de qualité remarquable, et demeure un modèle pour les peintres employés au Dépôt tout au long du XIXe siècle.

Trente ans plus tard, le général Pelet redéfinit les normes de production de cette collection : format de l’œuvre, dimension et place des personnages sont à nouveau fixés.

Au début du XIXe siècle, G. Bagetti avait réalisé deux dessins préparatoires de la bataille d’Eylau. Se conformant aux instructions de Martinel, il avait représenté l’« Attaque du château », le 7 février (C 530), et l’« Attaque du cimetière » pour le 2e jour de la bataille (C 531).

Pour le général Pelet « Ceci est une vue de bataille et même de grande bataille, à grande échelle et dans un vaste espace. Malheureusement, M. Bagetti a réduit son dessin à une affaire de poste, au plus petit événement de la bataille, quoi que l’Empereur y ait joué personnellement un rôle. Il faut tâcher d’agrandir la scène ».

Il rédige et transmet un mémoire sur l’œuvre qu’il demande (B 148). Ce dossier comprend, comme ceux élaborés trente ans plus tôt par Martinel, un résumé stratégique des deux journées augmenté de remarques sur la cavalerie dues à un témoin privilégié (Murat), des instructions, un résumé pour les plans des batailles ainsi que des notes précises pour le dessin de celles-ci : « L’armée russe doit être montrée dans la bataille de Preuss-Eylau. C’était un grand défaut dans les dessins de ne pas représenter ces forces bien plus considérables que celles qui leur étaient opposées. Dans le centre et à droite du dessin, sur la colline la plus éloignée, se présentera l’armée russe, par grandes masses d’infanterie et de cavalerie contigües, et ne tirant pas, parce qu’elles ont une première ligne en avant d’elles ». Enfin, la peinture réalisée doit se conformer à l’exactitude militaire et à la véracité historique : « Il faut montrer beaucoup de morts sur le champ de bataille, où ils étaient en masse, mais il faut aussi que l’on voie beaucoup de neige. Comme celle-ci tombe depuis la veille et qu’on est au commencement de la journée du 8, les morts peuvent être en partie couverts de neige ».

Vingt-trois noms d’artistes différents sont représentés dans les archives du Dépôt de la Guerre ou au bas des œuvres représentant les campagnes napoléoniennes.

Les titres des œuvres et dessins sont restitués tels qu’ils ont été écrits par les artistes ; les ajouts, marqués par des crochets, proviennent du catalogue de la collection publié en 1900 ; les longs titres descriptifs ont été ajoutés aux œuvres sous l’impulsion et à la demande du général Pelet, directeur du dépôt de la Guerre de 1830 à 1850. Les corrections toponymiques ou d’orthographe sont celles des gestionnaires du fonds.

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