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Réalisation des AFGG

Les choix éditoriaux

 L’instruction du 9 août 1919 prescrit aux officiers rédacteurs d’élaborer « une œuvre sincère, exacte, complète », car elle doit servir « de base officielle à l’histoire des armées françaises ». Le récit doit être un « simple exposé des faits explicites, mais sans discussion, sans critique ». « Le style doit être simple, coulant, sans viser à l’effet ; la rédaction claire et logiquement ordonnée pour que le récit soit facilement lisible, même quand les faits sont confus et les actions enchevêtrées ».

 

 Le récit est bâti sur l’exploitation exhaustive des documents disponibles dans les archives et analysés sous forme de fiches. L’officier supérieur responsable de chaque volume rassemble et classe les fiches, repère les manques documentaires, puis élabore un sommaire analytique qui est validé avant de faire rédiger le récit par les rédacteurs. Le travail terminé est soumis à la relecture de plusieurs officiers et au visa du chef du Service, ce qui explique une certaine unité d’écriture, inattendue pour une œuvre collective.

 

 Paradoxalement, si beaucoup d’historiens ont douté de la sincérité des précis, tous ou presque ont salué l’apport documentaire présenté par la cartographie et les annexes (directives, instructions ou ordres aux divers échelons, correspondances échangées entre les commandements français et alliés ou entre les gouvernement et commandement français, comptes rendus d’exécution des ordres par les unités subordonnées, etc.), alors que les mêmes officiers avaient effectué le choix des documents et la rédaction des textes.

 

L’œuvre réalisée

 La collection des Armées françaises dans la Grande Guerre est constituée de 107 volumes reliés ou pochettes cartonnées, répartis en onze tomes correspondant aux principales phases de la guerre. Chaque tome a été partagé en plusieurs volumes. Chaque volume comprend un « précis », un à quatre ensembles d’annexes et une ou deux « pochettes de cartes », soit au total 25 précis, 55 ensembles d’annexes et 27 pochettes de cartes. Le cumul des précis et des annexes dépasse les 76000 pages et le nombre des cartes est de 948.

 

 Les sept premiers tomes sont consacrés chronologiquement aux opérations en France. Le tome VIII porte sur les opérations d’Orient et d’Europe centrale de 1915 à 1918. Le tome IX expose les campagnes sur les fronts secondaires (Égypte, Palestine, Syrie, Cameroun, Togo, Tchad, Tunisie et Maroc). Le tome X donne l’ordre de bataille des armées françaises par armées, corps d’armées et divisions. Le tome XI traite de la direction de l’arrière (services des chemins de fer, automobile, de l’artillerie, du génie, de santé, vétérinaire, de remonte, de télégraphie, etc.).

 

 Selon l’instruction du 9 août 1919, les AFGG devaient donner « une relation exposant : 1° dans ses grandes conceptions, la conduite de la guerre par le haut commandement français ; 2° dans les grandes lignes, le développement des opérations sans descendre, en principe, au dessous de l’échelon corps d’armée ou exceptionnellement de la division ». Il en résulte que le prisme d’étude est celui de l’action du commandement aux échelons supérieurs, de l’organisation, de l’équipement et de l’emploi des armées. Il n’est donc pas question d’étude politique, sociologique ou économique du conflit.

 

 Dans un rapport du 9 janvier 1937, le général Blin (1878-1963), chef du Service historique, estimait que les Armées françaises dans la Grande Guerre étaient « un véritable monument élevé à la gloire de nos soldats ». Dans une note du 21 septembre 1938, le général Colson (1875-1951) affirmait : « son abondante documentation donne des éléments pour un nombre considérable d’études ». Les deux affirmations sont vraies. Œuvre d’édification nationale plus que de propagande, les AFGG restent l’historique officiel le plus imposant sur la Première Guerre mondiale.