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Les corps contrôlés dans les registres de l'Ancien Régime

Yc -Illustration 3 - Grenadiers et milice.jpg

Les registres de contrôles de troupes de l’Ancien Régime ont été répartis en 15 sous-séries, qui correspondent peu ou prou à la répartition par arme (infanterie, cavalerie, artillerie, ...). Cette répartition est largement factice : les grenadiers royaux ont été isolés dans une sous-série alors qu’ils faisaient partie des troupes provinciales ; les mineurs et ouvriers se trouvent parfois dans l’artillerie, parfois dans d’autres corps ; on trouve un bataillon d’artillerie dans l’infanterie ; les troupes suisses forment une sous-série mais pas les autres régiments étrangers, etc.

On ne s’arrêtera donc pas à cette répartition pour retrouver une unité.

Néanmoins, en fonction des armes, on constate des différences dans le contrôle des troupes et dans le classement originel des registres : dans l’infanterie, les troupes provinciales, l’artillerie, le contrôle se faisait par bataillon de régiment ou de milice ; dans la cavalerie, par régiment ; dans les corps de mineurs, sapeurs, gardes françaises, invalides détachés, par compagnie.

Les 15 sous-séries des registres d’Ancien Régime :

- GR 1 Yc : régiments d’infanterie (1633-1790).

- GR 2 Yc : régiments de grenadiers royaux et de grenadiers postiches (1740-1778) 

- GR 3 Yc : régiments de cavalerie (1681-1768)

- GR 4 Yc : régiments de dragons (1682-1781)

- GR 5 Yc : régiments de cavalerie (1763-1776)

- GR 6 Yc : régiments de cavalerie (1776-1786)

- GR 7 Yc : régiments de dragons (1747-1789)

- GR 8 Yc : régiments de hussards (1737-1786)

- GR 9 Yc : régiment de chasseurs à cheval (1776-1786)

- GR 10 Yc : régiments d’artillerie (1701-1786)

- GR 12 Yc : compagnies d’invalides d’Ancien Régime (1708-1793)

- GR 13 Yc : troupes provinciales (1720-1791)

- GR 14 Yc : régiments d’infanterie (1786 et 1794)

- GR 15 Yc : troupes suisses (1722-1798)

Les régiments d’infanterie 

Les régiments d’infanterie étaient divisés en bataillons (qui constituaient à l’origine une unité tactique), eux-mêmes divisés en compagnies. Les contrôles des troupes se faisaient par compagnie. Le nom du régiment, ou de la compagnie, correspond au patronyme de l’officier en charge de cette unité. La « compagnie colonelle » ou « lieutenant-colonelle » est celle dont l’officier responsable (colonel ou lieutenant-colonel) est également en charge de tout le régiment.

Ces registres de contrôles de l’infanterie se répartissent en deux sous-séries, qui ont chacune leur mode de classement :

- GR 1 Yc 1 à 1096 : régiments d’infanterie contrôlés entre 1633 et 1790, classés par nom de régiment (par ordre alphabétique jusqu’à la cote GR 1 Yc 1065 bis, puis sans ordre).

- GR 14 Yc 1 à 158 : régiments d’infanterie contrôlés entre 1786 et 1794, classés dans l’ordre par numéro de régiment, bien que le nom du régiment soit aussi indiqué. Les derniers régiments (102e à 111e régiments d’infanterie) sont ceux qui ont été créés en 1791 (cotes GR 14 Yc 146 à 158).

Les régiments d’infanterie ont tous été dissous en 1793 au profit des demi-brigades ; les registres s’arrêtent donc tous à l’an III de la République.

Pour l’infanterie, on consultera également les registres de contrôles du régiment des Gardes françaises (1634-1793, sous-série GR 11 Yc). Dans ce régiment d’élite, appartenant à la Maison militaire du roi, les contrôles ont débuté dès 1674 ; le régiment fut dissous en 1789. Le contrôle s’y faisait également par compagnie.

À noter que les registres de contrôles des régiments étrangers, sauf ceux des troupes suisses, sont mêlés à ceux des autres régiments, par ordre alphabétique.

Les régiments de cavalerie

Les contrôles de la cavalerie (1681-1786) se font par régiment. A l’intérieur de ces sous-séries, les registres sont classés par ordre alphabétique des noms des régiments.

Le classement en sous-séries distingue les catégories d’unités suivantes :

-les régiments de dragons : sous-séries GR 4 Yc (1682-1781), GR 7 Yc (1747-1789) ;

-les régiments de hussards : sous-série GR 8 Yc (1737-1786) (on trouve également un régiment de hussards dans la série GR 3 Yc, cavalerie) ;

-les régiment de chasseurs à cheval : sous-série GR 9 Yc (1776-1786) ;

-les autres régiments de cavalerie : sous-séries GR 3 Yc (1681 à 1768), GR 5 Yc (1763 à 1776), GR 6 Yc (1776-1786).

L’artillerie et le génie

Les régiments d’artillerie ont été isolés de manière artificielle dans une sous-série (GR 10 Yc, 1701-1786), bien que l’artillerie n’ait pas toujours constitué un corps d’armée distinct sous l’Ancien Régime, se retrouvant mêlée aux régiments d’infanterie. On recherchera donc également les régiments d’artillerie dans l’infanterie.

Dans la sous-série dédiée à l’artillerie, les registres sont classés par ordre alphabétique du nom du régiment. On trouve à la fin du classement un régiment d’arquebusiers, et une compagnie de canonniers garde-côtes (ces compagnies, qui remplacèrent en 1778 les compagnies de milice garde-côte, étaient constituées de conscrits recrutés par tirage au sort dans les paroisses côtières).

Le corps du Génie tel qu’on l’entend aujourd’hui n’existait pas non plus sous l’Ancien Régime.

Ainsi, les sapeurs, mineurs et ouvriers se retrouvent parfois dans les registres de contrôles de l’artillerie, parfois dans ceux des troupes provinciales. De même, les pionniers (chargés de déplacer les canons et de creuser les tranchées) étaient des membres des troupes provinciales.

Les compagnies d’invalides

C’est à la fin du XVIIe siècle que l’Etat commença à prendre en charge les invalides de guerre. Hors de l’Hôtel des invalides, les invalides les mieux portants furent organisés en compagnies détachées qui montaient la garde en province, dans des forts, citadelles, ou prisons d’Etat. Afin d’éviter les fraudes, les contrôles des compagnies d’invalides furent précoces, dès 1670 ; la série de registres de contrôles que conserve le SHD débute cependant plus tardivement, en 1708. Ces registres donnent des informations précieuses sur la carrière antérieure des individus contrôlés.

Ces registres de contrôles sont regroupés dans la sous-série GR 12 Yc.  Le contrôle se faisait par compagnie. Les registres sont classés par numéro de compagnie, les numéros se suivant la plupart du temps. On a distingué dans cette sous-série, de manière probablement artificielle :

-les compagnies d’invalides détachées (GR 12 Yc 1 à 20, 1708-1788), classées par numéro ;

-les compagnies d’invalides en garnison (GR 12 Yc 21 à 101, 1722-1793), classées par numéro (la numérotation recommence à 1) ; le lieu de garnison est précisé ;

-les compagnies de canonniers invalides et « bas-officiers » (GR 12 Yc 102 à 114, 1749-1793), par numéro et garnison.

Les troupes provinciales (milices et régiments provinciaux)

Les troupes provinciales étaient les troupes recrutées dans les paroisses selon le système du tirage au sort (et non de l’enrôlement comme pour les autres troupes), qui revêtait un caractère obligatoire, ce qui en fait l’ancêtre de la circonscription militaire.

Existant de manière temporaire depuis 1688, puis permanente depuis 1726, ces troupes furent appelées milices jusqu’en 1774, date à laquelle furent formés des régiments provinciaux. Ces derniers disparurent en 1791.

Les miliciens étaient recrutés dans les généralités par l’intendant, qui les remettait aux officiers. Ceux-ci les répartissaient en bataillons, correspondant le plus souvent à une subdélégation de la généralité. Les premiers registres de contrôles apparurent en 1701, les plus anciens que conserve le SHD datant de 1720. Le contrôle de la milice se faisait, à l’intérieur de chaque généralité, par bataillon de milice, et à partir de 1771 par régiment.

Le Service historique de la Défense ne conserve aujourd’hui que des reliquats des registres de contrôles de ces troupes, soit parce que les autres registres ont été perdus ou détruits, soit parce qu’ils n’ont jamais été envoyés au dépôt de la Guerre à Versailles. Ces reliquats portent principalement sur les troupes recrutées dans les généralités de Paris et d’Orléans (sous-série 13 GR Yc, 1720-1791), ainsi que sur le régiment des grenadiers royaux (sous-série GR 2 Yc, 1740-1778), qui a été isolé de manière artificielle.

Le classement à l’intérieur de la sous-série GR 13 Yc est assez aléatoire, notamment en raison du caractère lacunaire de l’ensemble. L’ordre chronologique n’est pas respecté, ni même la répartition par généralité ; le régiment est désigné aléatoirement par son nom ou son numéro. Des registres de contrôles de compagnies de pionniers et ouvriers provinciaux s’y trouvent mélangés sans que l’on sache à quelle généralité elles se rattachent.

Certains registres correspondent à un contrôle des recrues (ou conscrits) qui avait lieu dans leur généralité, avant même la répartition en bataillon. Le contrôle se faisait alors par ordre alphabétique, le registre employant le terme de « vocabulaire » (c’est-à-dire « répertoire alphabétique ») et d’«assemblée » (« rassemblement des recrues»).

À noter qu’une copie du registre de contrôles (le deuxième exemplaire qui aurait dû être envoyé à Versailles, ou le troisième exemplaire devenu obligatoire en 1771) a parfois été conservée à l’intendance de la généralité. On trouve donc des registres de contrôles des troupes provinciales aux Archives départementales concernées (voir la rubrique « Sources complémentaires »).

Les grenadiers royaux et postiches

Les registres de contrôles des régiments de grenadiers royaux ont été isolés dans la sous-série GR 2 Yc. Ces grenadiers étaient les soldats d’élite de la milice provinciale.

Au XVIIIe siècle, de façon temporaire, puis de façon durable, chaque bataillon de milice possédait une compagnie de grenadiers royaux, dont on trouve la trace dans certains registres de contrôles de la milice (GR 13 Yc). Les compagnies de grenadiers royaux ont ensuite été regroupées, en 1756, pour former les régiments de grenadiers royaux (GR 2 Yc, 1740-1778). Ces registres ont été classés par ordre alphabétique des régiments, qui portent des noms de villes.

Fut également créée, en 1746, une compagnie de grenadiers postiches devant servir de réserve aux compagnies de grenadiers royaux, pour que celles-ci soient toujours complètes.

Ces grenadiers royaux ne doivent pas être confondus avec les grenadiers des régiments d’infanterie (une compagnie par régiment), ni avec le régiment des grenadiers de France.

Les bataillons de garnison

En 1778, les bataillons de régiments provinciaux furent rattachés chacun au régiment d’infanterie de leur province d’origine. Ils prennent alors le nom de « bataillon de garnison » suivi du nom du régiment auquel ils étaient rattachés. Ces changements de dénomination peuvent les rendre difficiles à rattacher à leur généralité d’origine. On se tournera vers la bibliographie afin de retrouver la filiation de ces unités.

Les troupes suisses

Bien que les troupes suisses ne furent pas les seules troupes étrangères de l’armée française d’Ancien Régime, leurs registres de contrôles, conservés depuis 1722, ont été isolés et regroupés dans la sous-série GR 15 Yc. Dans cet ensemble on distingue :

-les registres de contrôles des régiments suisses, parmi lesquels :

-le régiment d’élite des Gardes suisses (GR 15 Yc 1 à 14 et 16 à 84) ;

-les autres régiments suisses (GR 15 Yc 15 et 85 à 95).

Le contrôle s’y faisait par compagnie ; les compagnies étaient regroupées en bataillons puis en régiments. Le classement, par nom de régiment, voire par compagnie, est très aléatoire, le nom d’une compagnie ou d’un régiment pouvant revenir sans que les registres ne se suivent.

-les registres de contrôles des pensions et gratifications accordées aux anciens soldats et officiers suisses faisant suite au licenciement des régiments suisses à la chute de la monarchie le 10 août 1792 (GR 15 Yc 96 à 106, 1793-1798). Ces dossiers, ouverts de façon chronologique, énumèrent les soldats et officiers par ordre alphabétique du nom de famille.

Les registres de contrôles des autres régiments étrangers ont été classés avec les autres registres de contrôles de l’infanterie.