Glossaire des termes anciens et médicaux
Lors de la saisie des rôles déquipages de la Compagnie des Indes, on trouve de nombreux mots inusités aujourd'hui. Ceux-ci, parfois employés différemment de nos jours, sont liés en général aux professions et aux fonctions. Certains termes médicaux, la plupart du temps liés au décès des marins, se retrouvent aussi dans ce glossaire.
Sources : Littré, Furetière dictionnaires divers (vieux français, portuguais, médecine, etc.)
- Ad honores (du latin) bénévoles, admis à servir à bord gracieusement, sans gages (ou loyers).
- Affineur (1500) n.m. ouvrier qui affine la laine, le chanvre les métaux.
- Anspessade (1580) n.m. Dans l'ancienne infanterie française, soldat d'élite, assimilé aux officiers subalternes.
- Apothicaire (1268) n.m. (du grec et du latin médiéval) vendeur d'herbes médicinales. Appellation ancienne du pharmacien.
- Bosseman n.m. chargé à bord, du soin des câbles, des ancres, des jâts et des bouées, il doit toujours veiller sur les câbles, pour voir s’ils ne rompent point et si l’ancre ne chasse point. Il ne fera aucun travail concernant les câbles et ancres, sans prendre l’ordre du maître.
- Capitaine des marins n.m. équivalent marin de l’Anspessade dans sa compagnie de soldats.
- Chaufournier (1268) n.m. ouvrier assurant la marche d'un four à chaux.
- Contremaître est sur les navires marchands ce qu’est le maître sur les vaisseaux du roi
- Commandeur n.m. Commandeur des esclaves : choisi parmi les matelots ou d'anciens soldats pour commander les esclaves dans les plantations (appelées « habitations » par les créoles).
- Dépensier n.m. celui qui distribue les vivres, le cambusier.
- Écrivain n.m. officier major, il écrit dans son registre, pour suppléer aux maîtres et capitaines de navires marchands, les états de : cargaison, agrès, apparaux, armes, munitions et victuailles du vaisseau, les marchandises qui seront chargées et déchargées, le nom des passagers, le fret ou nolis par eux dû, le rôle des gens de l’équipage, avec leurs gages et loyers, le nom de ceux qui décèderont dans le voyage, le jour de leur décès, et s’il est possible, la qualité de leur maladie et le genre de leur mort ; les achats qui seront faits pour le navire depuis le départ et généralement tout ce qui concernera la dépense du voyage.
- Estapier n.m. entrepreneur qui se charge, moyennant un certain prix, de fournir les étapes ou les vivres aux gens de guerre qui passent dans une province.
- Exempt (1580) n.m sous-officier qui commandait en l'absence de capitaine et de lieutenant.
- Faux-saunier n.m. c’est le contrebandier qui passe frauduleusement le sel.
- Frater (1649) n.m. barbier chirurgien ou aide chirurgien.
- Grelin (1634) n.m. (néerl. Greling , de grêle) Marine : gros cordage pour l’amarrage d’un navire.
- Hautbois (1501) n.m. instrument à vent et à anche double et par extension celui qui en joue (voir musette)
- Lascar (1611) n.m. simple matelot indigène sur les navires de l'Océan indien quelquefois engagé clandestinement.
- Maître n.m. dont la principale fonction exercée sur les vaisseaux du roi est de faire exécuter la manœuvre ordonnée par le capitaine.
- Maure ou More n. m. désigne sur les navires un individu d'origine indienne.
- Moulineur n.m. charpentier à moulin, différent de moulinier, ouvrier fileur.
- Mosse ou mousse n.f. (de l'espagnol Moza (XV° siècle chanson de Gascogne) = jeune fille (dict. du moyen français de Greimas et Keane)
- Musette (Muzette) (1200) n.f. désigne, soit une cornemuse, soit un hautbois et par extension celui qui en joue.
- Novice n.m. garçon âgé de 15 à 22 ans entretenu à bord par des patrons et maîtres de barque, qui après 6 mois de service est couchés sur la matricule des novices du rôle des Classes et qui ne sont incorporés à la classe de service qu’après 2 ans au service des maîtres (Ordonnance de 1647). L’Ordonnance de 1681 fixe à 18 ans la limite d’âge du garçon qui devient matelot.
- Pigoulier n.m. Ouvrier qui travaille dans la pigoulière qui est une embarcation à fond plat ou une maçonnerie faite sur les quais disposée à recevoir les chaudières dans lesquelles on fait chauffer le brai pour calfater les coques de navires.
- Passe-volant (1515) n.m. Dans la marine. Celui qui est porté en fraude sur le rôle d'un équipage sans être présent. Se dit aussi quelquefois des individus cachés à bord.
- Sarangue n.m. Ce mot indique une fonction particulière en terme de marine chez les Portugais : un marin capable de piloter, d'assurer le rôle de vigie et de diriger un navire. Dans un dictionnaire de portugais : "Definição de SARANGUE sarangue sm *Náut desus V piloto*." Dictionnaire de portugais. (Pierre Enckell avait raison: le mot /sarangue / est un xénisme. C'est un mot portugais et comme l'indique le texte où il a été trouvé. Le 10 janvier 1796, paraît un navire battant pavillon anglais venant de Calcutta. Surcouf s’en approche sous pavillon américain, constate qu’il a un *équipage* entièrement indigène composé de lascars *commandés par un sarangue,* et s’en empare sans difficulté». Les frères Surcouf A. Toussaint.) /
- Solde n.m. C’est le rôle d’équipage qui fixe le salaire des gens de mer (Édit de juillet 1720). Le solde des gages ou loyer qui est versé au marin au désarmement déduction faite des avances faites ou perçues.
- Subrécargue n.m. (1704) (esp. Subrecargo) sur un navire de commerce, préposé nommé par les armateurs pour administrer et régir la comptabilité.
- Surnuméraire n.m. (à défaut de définition au XVIIIe s) - Pâris et Bonnefoux, dictionnaire de marine à voile, 1847 : "font partie du personnel d’un bâtiment sans appartenir à l’effectif marin de ce bâtiment". - Willaumez, dictionnaire de Marine, 1820-1831 : "Sur les bâtiments de l’État tous ceux embarqués au delà du nombre déterminé pour la formation de l’équipage, tels sont les gens du munitionnaire ou distributeur de vivres, le commis et ses subordonnés comme le boulanger, le coq etc. N’étant ni classés ni conscrits […]".
- Taillandier n.m. artisan chargé de l’affûtage des outils coupant ou effilés.
- Tandel ou Taudel n.m. matelot gradé dans l'Océan Indien en dessous du sarangue.
- Volontaire n.m. (définition dictionnaire universel de Furetière, 1690) : "Soldats ou cavaliers qui servent dans des corps sans prendre aucune solde, et sans être enrôlés, mais seulement pour apprendre le métier de la guerre." A défaut de définition pour les marins, - au XVIIIe s : - Pâris et Bonnefoux, dictionnaire de marine à voile, 1847: "Jeunes gens qui faisaient l’apprentissage pratique de la profession de marin pratique de la profession de marin" - Willaumez, dictionnaire de Marine, 1820-1831: "c’est une classe de jeunes marins qui a subi divers règlements dans la marine militaire ; mais toujours distinguée des novices, et moins considérée que les élèves : sorte de pépinière intermédiaire entre ceux qui aspirent à devenir officiers du corps militaire de la marine, et ceux pour parvenir dans les officiers de la marine marchande."
Glossaire des termes médicaux rencontrés
- Flux (1280) n.m. désigne en médecine tout écoulement continu d'un liquide organique.
- Flux de sang désignait dans la médecine ancienne un "dévoiement de l'intestin" que l'on a appelé ensuite dysenterie. Il est difficile de vérifier, dans les chroniques du passé que les affections signalées sous cette appellation correspondaient bien toutes à des dysenteries. (Typhoïde? gastro-entérite? etc.). Au VIe siècle Grégoire de Tours évoque la "Cruelle contagion" qui devait, au cours des siècles qui suivirent, être plus ou moins continue.
- La Dysenterie est en réalité une maladie infectieuse du colon qui peut être aigue et grave ou chronique. Elle est caractérisée par une diarrhée avec des selles fréquentes, mêlées de sang, avec mucus et glaires accompagnée de douleurs abdominales à type de crampe avec quelquefois des vomissements. Ce terme de dysenterie a, par la suite, été démembré en deux types : - la dysenterie bacillaire ou Shigellose dont le germe a été découvert par le japonais Kiyoshi Shiga en 1897. La propagation se fait par l'eau contaminée par voie fécale et orale par les mains (peut être transmise par contage par exemple les vêtements, les boutons de porte, les sièges de toilette). Elle s'accompagne de fièvre élevée; de selles abondantes et presque continues, altération de l'état général, déshydratation pouvant aboutir rapidement à la mort. Le bacille est sensible par certains antibiotiques. - La dysenterie amibienne provoquée par un parasite protozoaire microscopique "entamoeba histolytique" dont il existe deux types. En général la maladie n'a pas un caractère aigue, les selles sont moins nombreuses elle peut devenir plus ou moins chronique. Le parasite peur se propager au foie aux poumons et au cerveau. Il existe un traitement chimique de la famille des azoles.
- Haut mal ou encore grand mal, mal caduc ou plus rarement mal sacré,était connu dans l'antiquité depuis 1500 ans av. J.C. et décrit aux Indes dans un traité 400ans av. J.C. Il est aujourd'hui appelé épilepsie ou mal comitial. C'est une affection neurologique qui se manifestant par des convulsions, une perte de conscience avec perte des urines, quelquefois avec des hallucinations (visuelles, auditives, etc). Il existe actuellement des moyens diagnostiques et thérapeutiques
- Maladie de Siam ou fièvre jaune, connue semble-t-il, depuis 1648 au Yucatan (Mexique). Depuis a été signalé de manière épidémique en Martinique (étudié en 1818), puis au Sénégal, en Afrique équatoriale. L'hypothèse de sa transmission par les moustiques (aedes aegypti) a été pressentie en 1881 et prouvée en 1901. Il s'agit d'une maladie virale à Arbovirus isolé en 1927 pour lequel une vaccination a été mise au point par Max Theiler (Prix Nobel 1951). L'A.D.N a été séquencé en 1985.
- Scorbut : maladie connue et décrite en 1600 avant J.C. dans le papyrus d'Ebers. Elle fut signalée par Jacques Cartier dans son équipage qui fut soigné par une décoction de thuya blanc faite par les Indiens locaux. Martin de Vitré dans le récit de son voyage aux Indes signale l'intérêt de manger des citrons et des fruits mais il faudra attendre 1747 pour que James Lind redécouvre cette thérapeutique et 1795 pour qu'elle soit généralisée dans la Royal Navy. L'agent thérapeutique est nommé vitamine C en 1913. Entre 1928 et 1932, il est isolé par Albert Szent-Györgyi (prix Nobel en 1937) sous le nom d'acide ascorbique, la formule chimique est alors définie et elle est synthétisée en 1933. Le scorbut se manifeste initialement par de la fatigue, par des œdèmes aux membres, puis des hémorragies des muqueuses de la langue, du nez et des gencives, et des ecchymoses nombreuses sous la peau. Les dents se déchaussent jusqu'à tomber. Incapables de se tenir debout, les sujets atteints meurent d’épuisement ou d’une complication infectieuse respiratoire