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Quelles avancées pour la création de revues numériques à partir des registres de l'Ancien Régime ?

Les 4 étudiants du projet de l'année 2022-2023: Mme Nguyen, Mme Georges, M. Pourcher, Mme Adam

L’Institut National des Sciences Appliquée de Rennes (INSA Rennes), école publique d’ingénieurs multi-spécialités en 5 ans, travaille depuis 4 ans par l’intermédiaire de son département informatique dans un contexte de projets pédagogiques avec le site Mémoire des Hommes pour la mise en valeur des registres des Régiments de l’Ancien Régime.

Chaque année, quatre nouveaux étudiants dudit département se retrouvent plongés dans un univers mélangeant informatique et histoire, leur permettant une montée en compétences dans les deux domaines.

Dans ce cadre, le site Mémoire des hommes a rencontré le responsable du projet Monsieur Ivan Leplumey, enseignant-chercheur à l’Institut national des sciences appliquées de Rennes (INSA Rennes) et chercheur de l’équipe Intuidoc de l’Institut de Recherche en Informatique et Systèmes Aléatoires (IRISA), pour faire le point d’avancement du projet en cette année 2023.

 

Depuis 4 ans, vous travaillez en partenariat avec le site Mémoire des Hommes, pouvez-vous nous rappeler l’objectif de ce projet ?

Le but de ce projet est de concevoir dans un contexte pédagogique des revues numériques évolutives au format pdf traitant principalement des soldats de régiments sous l’Ancien Régime, revues destinées à de multiples partenaires. Les données publiées dans ces revues proviennent d’annotateurs bénévoles habitués à déchiffrer des écritures du 17e ou 18e siècles. Il existe trois types de revues en fonction de leurs destinataires.

Pouvez-vous nous préciser la nature de ce contexte pédagogique ?

Les étudiants du département informatique de l’INSA Rennes doivent participer à une étude lors de leur première année de spécialisation. Dans ce cadre, 16 sujets différents leur sont proposés, dans lequel se trouve le sujet qui traite des soldats sous l’Ancien Régime. Les quatre étudiants qui ont choisi ce sujet, ont la charge de développer les logiciels nécessaires à la génération des revues pour leur permettre de monter en compétences sur le développement informatique.

Quels sont les étudiants qui participent au projet cette année ?

Cette année, les 4 étudiants qui participent au projet, sont Mme Adam, étudiante manchoise, Mme Georges, savoyarde, Mme Nguyen, vietnamienne, M. Pourcher, haut-garonnais. Ces étudiants suivent une formation pour devenir ingénieur en informatique, et deux suivent une formation de type double-diplôme INSA-Sciences Po.

Après avoir parlé des étudiants, pouvez-vous nous présenter les partenaires destinataires des revues ?

Les revues n’ont de sens que par les personnes susceptibles de les utiliser. Au vu de leur contenu, elles doivent intéresser naturellement les archives départementales et les associations de généalogie.

Le projet a donc créé des partenariats avec 19 archives départementales allant du Calvados à l’Alsace, et 7 associations généalogiques, des Côtes-d’Armor (CG22) au Gard (ACGC, CGUG).

Certaines revues sont à destination de Mémoires des Hommes pour présenter des régiments, et à destination des annotateurs pour mettre en valeur leur travail.

Nous n’avons pas encore vraiment parlé des annotateurs, qui sont-ils et comment ont-ils intégré ce projet ?

Pendant les deux premières années du projet, je fus le seul annotateur en annotant au final 7 ou 8 registres sur les Milices et le régiment du Limousin.

La troisième année, l’une des revues à destination du Cercle Généalogique en Uzège et Gard (CGUG) a eu comme conséquence le recrutement d’un second annotateur, Mme Mazert, présidente du dit cercle.

Cette même année, le croisement des données pour consolider l’orthographe des patronymes a permis lors de contacts de recruter un second annotateur, Mme Goudet, passionnée de généalogie.

Et pour finir, un lycéen de terminale, annotateur du site Mémoire des Hommes, est venu compléter l’équipe pour cette troisième année.

Pour l’année courante, quatre annotateurs de Mémoire des Hommes ont rejoint le projet, démultipliant ainsi le potentiel d’annotations disponibles pour les revues.

Y-a-t-il d’autres participants à ce projet dont nous n’aurions pas encore parlé ?

Effectivement, si les revues contiennent des informations historiques sur les régiments, nous le devons à Mme Robelin, présidente de l’association Ancestramil qui nous a donné son accord pour la réutilisation des transcriptions du général Susane.

Un autre partenaire est aussi à mettre en valeur, Geneanet, partenaire de Mémoire des Hommes avec des accords d’échange de données, nous permet de proposer des écritures alternatives pour les patronymes des soldats et de ses parents, et quelquefois de trouver la date de mariage des parents du dit soldat. La base de données de Geneanet est un outil fondamental de consolidation des données d’annotation.

L’ensemble des participants étant maintenant bien défini, revenons au sujet, les revues numériques évolutives. Vous nous avez précisé lors de la première question qu’il existait plusieurs types de revues, quel est l’objectif de chaque type ?

Les premières revues créées ont été celles à périmètre géographique, départementales ou régionales en fonction de la quantité d’informations disponibles, à destination d’archives départementales ou d’associations. Peu de soldats dans un périmètre de type départements, amène à proposer une revue couvrant plutôt une région pour cumuler les données.

Cette année, sont apparues deux nouveaux types de revues, celles à destination de Mémoire des Hommes orientée régiment, qui pouvait ainsi aussi présenter des résultats, et celles à destination des annotateurs, pour mettre en valeur leur travail souvent ingrat.

Que contiennent ces revues comme informations ?

En premier chaque revue est adaptée en fonction du partenaire, en termes de couvertures et de contenu.

L’organisation interne d’une revue est une présentation par régiment, puis par registre. Pour chacun d’entre eux, on présente un historique plus ou moins détaillé, suivi des statistiques associées, pour terminer avec la partie principale, les paragraphes décrivant chaque soldat. On notera que les numéros de page insérés dans ces paragraphes sont cliquables et renvoie par permalien sur la bonne image du site Mémoire des Hommes, celle qui contient le dit soldat.

En complément, des index permettent de naviguer dans la revue et de faciliter la recherche des lecteurs.

Pouvez-vous nous montrer un extrait représentatif de ces revues ?

Vous avez pu déjà voir les couvertures. Il peut être intéressant d’avoir un aperçu de 4 pages, une correspondant au début de l’historique d’un régiment, une pour un extrait des statistiques, une pour paragraphes soldats avec illustrations et pour terminer une sur les index.

Pourquoi précisez-vous que ces revues sont évolutives ?

Les revues sont évolutives car chaque année, elles s’enrichissent de nouvelles données en raison de l’augmentation des annotations. Mais, toutes les parties des revues sont concernées par des améliorations, l’apparition des statistiques par registre, n’est apparu que lors de la seconde version, et il faut attendre la troisième pour la mise en place d’illustrations complémentaires. La nouvelle revue vient alors remplacer l’ancienne version, on trouvera en bas à droite des couvertures le numéro de la version de la revue.

Quelles sont les nouveautés introduites dans les revues de cette année ?

Les revues à destination de Mémoire des Hommes et des annotateurs nous ont obligés à repenser la structure de l’ensemble des revues. Ces nouvelles revues contiennent l’intégralité des annotations d’un registre militaire alors que celles à périmètre géographique n’incorporent que les soldats dont le département de naissance appartient à ce périmètre. Les soldats sans précision sur leur lieu de naissance n’apparaissaient pas dans les anciennes revues, alors que les nouvelles doivent les contenir.

Les militaires dont on connait la région de naissance, mais pour lequel la commune de naissance n’a pas été identifiée, apparaissent maintenant dans l’ensemble des revues leur donnant un côté ludique. Un généalogiste connaissant bien une région et les patronymes associés, peut essayer de trouver la commune inconnue et ensuite prévenir le webmaster de Mémoire des Hommes.

Pour la première fois, nous avons exporté des données d’annotations depuis le site Mémoire des Hommes pour nourrir les revues avec l’accord des annotateurs concernés, l’adaptation de ces nouvelles données a demandé un travail important de transformation.

Et pour finir, l’intégration dans les revues d’illustrations complémentaires comme des actes de baptême de quelques soldats, ou des couleurs des régiments à permis d’égayer les documents obtenus.

En quelques chiffres, quels résultats avez-vous atteint sur ces 3 années de création de revues numériques ?

La première année, 7 revues à périmètre géographique ont été créées pour un total de 508 pages ; la seconde année, l’an dernier, ce chiffre est passé à 15 revues de même nature pour un total de 3 300 pages. Cette année, l’objectif est d’atteindre un total de 38 revues, 24 à périmètre géographique, 3 à destination de Mémoire des Hommes et 11 pour les annotateurs, soit 38 revues avec un volume de plus de 10 000 pages.

Auriez-vous une conclusion particulière à partager sur ce projet ?

Ce projet comporte beaucoup de partenaires. Une idée fondamentale de cette étude a été de développer des partenariats gagnants-gagnants.

Quel que soit le partenaire, le projet lui apporte un plus ; pour les archives départementales et les associations, ce sera des informations à travers des revues librement diffusable, pour Mémoire des Hommes, des annotations, des revues, de la notoriété, pour les annotateurs, une mise en valeur à travers des revues, pour Ancestramil, de la notoriété, pour Geneanet, des annotations avec des croisements de données facilitées…

Ivan Leplumey, maître de conférences - INSA Rennes – Département informatique - IRISA

 

Article sur le projet 2021-2022 et les revues numériques (10 novembre 2022)

Article sur le projet 2021-2022 et l'indexation collaborative (21 avril 2021)

Couverture revue géographique sur la Dordogne, le régiment du Limousin et le régiment des Gardes Françaises Historique du régiment du Limousin - Paragraphes soldats avec illustrations - Index Statistiques du registre 1 YC 501 Carte des départements couverts par les 24 revues à périmètre géographique (IGN 2016)

Dernière mise à jour le 07.03.2024