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Destin des AFGG

Les limites de l’œuvre

 Toutes les informations contenues dans les documents sont exploitées mais certaines ne sont pas citées ou reproduites : critiques de l’action du haut-commandement, appréciations sur les armées ou les gouvernements alliés, documents diplomatiques, interrogatoires de prisonniers, etc. Cette neutralité rédactionnelle voulue explique l’absence de critique en général et de confrontation avec des sources autres que celles des archives militaires françaises. Il en résulte que les AFGG ne sont pas une étude historique à part entière.

 

 On ne trouve aucun renseignement à caractère personnel puisque le commandement est vu comme une institution et non la somme d’individualités. Plus frappant, l’ennemi n’apparaît qu’à travers les bulletins de renseignement français. Si cela donne une idée exacte de ce que le commandement français savait des forces allemandes, cela ne permet pas de juger véritablement de l’adéquation des manœuvres françaises et de leur résultat réel. Enfin, les AFGG manquent d’un index des noms de lieux, nécessitant un travail et des volumes supplémentaire que le Service historique ne pouvait pas se permettre.

 

 Les AFGG constituent un complément indispensable aux journaux de marches et opérations, rédigés dans les unités au combat, et aux historiques régimentaires, imprimés et commercialisés après la guerre. Mais elles ne dispensent pas de la consultation des archives pour le détail des opérations ou la participation des services (génie, intendance, transmissions, etc.). Par leur contenu, les AFGG constitue donc une œuvre hybride entre l’étude historique et l’édition de documents.

 

De l’échec commercial à l’oubli

 Annoncée dès 1921, la publication des AFGG est un échec commercial du fait de son prix de vente (10 000 francs). Seuls quelques riches amateurs privés et de grandes bibliothèques peuvent l’acquérir même si les volumes sont aussi mis en vente séparément. L’objectif originel de produire un outil d’information du public et de contre-propagande a donc été manqué, essentiellement du fait de la forme donnée à la collection.

 

 A défaut d’être un succès commercial, les AFGG, sortant de l’Imprimerie nationale, sont largement diffusées par le Service des publications officielles. Le Service historique fait envoyer des exemplaires aux différents ministères, dans les états-majors et instances supérieures de la Défense nationale mais aussi aux bibliothèques militaires, aux différentes écoles et centres d’instruction, aux bureaux centraux du ministère. Des exemplaires sont enfin envoyés aux bibliothèques nationales des anciens alliés de la France car les AFGG font l’objet d’une certaine reconnaissance internationale.

 

 Depuis les années 1930, les AFGG ont servi de source première imprimée à de nombreuses études opérationnelles ou historiques. Elles sont citées dans les histoires générales de la Première Guerre mondiale comme dans de nombreuses études particulières des principales batailles. Mais, avec l’apparition de l’histoire culturelle et sociale de la guerre à la fin des années 1960, elles perdent de leur influence, accusée d’être une forme subtile de la propagande orchestrée par l’armée.