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Portrait d'indexeur

Portrait d'indexeur : Agnès

"Je ne m'attendais pas à être marquée par tous ces parcours particuliers"

La campagne d'indexation collaborative pour l'enrichissement de la base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale atteindra bientôt son objectif. A ce jour, il ne reste en effet plus que 9 302 fiches à indexer avec un rythme moyen de 50 384 fiches par mois en 2017, et de 2385 fiches en moyenne par jour en 2018 !

Derrière cette immense réussite se cachent des femmes et des hommes passionnés et assidus qui, sur leur temps personnel, participent à l'enrichissement du patrimoine archivistique national. Jusqu'à l'indexation de l'ultime fiche, Mémoire des hommes vous présentera le portrait de quelques-uns de ces nombreux indexeurs. Aujourd'hui, rencontrez Agnès, à qui Mémoire des hommes a posé quelques questions :

 

Prénom : Agnès
Département : 93
Nombre d'indexation au 20/04/2018  :  1513
Rang d’annotateur : 152 sur 2500

 

Vous avez effectué à ce jour un nombre conséquent d'indexations. Quelles sont les raisons qui vous ont amené à participer à cette campagne ?

Je dirais qu’il s’agit d’un heureux concours de circonstances ! Je suis archiviste, mais je n’avais jamais eu l’envie de me lancer dans des recherches généalogiques pour mon compte. Cependant, une de mes amies a travaillé sur le projet Mémoire des Hommes et m’en a fait une publicité active lors du lancement de l’indexation collaborative. Je me suis ainsi inscrite autant par curiosité professionnelle que pour soutenir cette amie au début de la campagne et je me suis laissée prendre au jeu assez rapidement.

Beaucoup d'indexeurs ont leurs propres habitudes d'indexation. Avez-vous des motivations particulières qui expliqueraient les vôtres ?

Je ne sais pas si c’est courant, mais j’appréhende l’indexation collaborative comme un exercice de logique qui permet de se vider la tête, une façon comme une autre de s’éloigner du quotidien tout en apprenant. Ainsi, j’essaie de trouver des critères de recherche qui me permettent d’indexer des fiches de soldats de régions et de grades divers, même si j’avoue avoir toujours une appétence particulière pour ceux venant des Pays-de-la-Loire, de la Normandie et de l’Île-de-France, où se trouvent mes attaches familiales et amicales ! Pour varier les indexations, je travaille par nom de famille : j’en choisis un et indexe toutes les personnes avec ce patronyme. J’ai commencé par le mien, qui représentait plus de 400 soldats, puis petit à petit ceux de mon entourage, ce qui me permet de « visiter » différentes régions.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ? Votre parcours personnel a-t-il un lien avec la généalogie, les archives ou encore l'histoire ?

Mon parcours professionnel est très lié à toutes ces questions, mon travail consistant à permettre aux usagers d’avoir accès aux archives. Je guide donc fréquemment des généalogistes dans leurs démarches, mais je n’en ai jamais fait un usage personnel. Malgré tout, je ne peux nier que c’est en partie mon histoire familiale qui m’a amenée à participer précisément à cette campagne d’indexation, mon arrière-grand-père étant décédé lors de la première guerre mondiale, quelques mois avant la naissance de ma grand-mère. Il est d’ailleurs le premier nom que j’ai recherché puis indexé…

Auriez-vous une anecdote concernant l’indexation collaborative, la généalogie, la recherche, l’histoire… à partager ?

Ce n’est pas à proprement parler une anecdote, mais j’aurais aimé évoquer un aspect qui m’a surprise lors de ce travail. Un aspect qui est plus du domaine du ressenti. En effet, je ne m’attendais pas à être marquée par tous ces parcours particuliers. Il ne m’apparaissait pas, au commencement, qu’indexer quelques étapes de la vie d’une personne pourrait parfois suffire à vous la rendre proche, à imaginer son parcours. J’étais ainsi étonnée d’être très touchée d’indexer l’ensemble d’une fratrie disparue, ou des soldats décédés 2 jours après leur engagement, ou la veille de la fin du conflit… De même, l’accumulation des soldats tombés à Verdun m’a pour la première fois fait vraiment prendre conscience de l’ampleur de ce combat. Au final, c’est cette émotion que je retiens le plus.

Quels bénéfices pensez-vous que le public (historiens, généalogistes, etc.) pourra retirer des résultats de l’indexation collaborative ?

Au-delà de la généalogie, il est aisé d’imaginer de multiples exploitations dans le cadre de recherches scientifiques : l’indexation va permettre de définir aisément des corpus très précis qui pourront servir de bases pour des études militaires, bien sûr, mais aussi sociologiques, démographiques, etc. Le champ des possibles me semble immense !