Zeichen entfernenZeichen hinzufügenDrucken

La création et les officiers-rédacteurs du Service historique

 Ne voulant pas laisser la plume à des historiens étrangers ou hostiles aux intérêts de l’État, le gouvernement se tourne naturellement vers la section historique car celle-ci a rédigé, au cours du XIXe siècle, de nombreuses études opérationnelles qui étaient destinées prioritairement à l’institution militaire et aux milieux gouvernementaux. Après la défaite de 1870, le ministère de la Guerre avait encouragé la production d’études sur les campagnes de la fin de la Monarchie, de la Révolution, des Premier et Second Empires afin de fournir la matière à un enseignement militaire rénové.

 

 Réorganisée et augmentée en effectifs, la section historique devient officiellement le Service historique par décision ministérielle du 25 février 1920. Mais dès le 22 novembre 1919, sa mission est de : « rassembler, classer et conserver tous les documents relatifs à la dernière guerre, […] de préparer la publication d’un recueil officiel de ces archives, de rédiger un historique de cette guerre par l’exploitation méthodique des archives ». Entre 1919 et 1921, le ministre appuie le service, notamment en prescrivant aux unités de verser toutes les archives en leur possession.

 

 Dirigé par le général Douchy (1867-1952), le Service historique comprend, en 1919, deux sections chargées des archives, dix sections rédigeant les AFGG. et une section gérant le service, soit 119 militaires et civils. Pour des raisons budgétaires, ce personnel est réduit de moitié entre 1924 et 1927, une unique section étant dès lors chargée de la rédaction des AFGG et de la gestion des archives de la Grande Guerre. Cette réduction retarde de plusieurs années le tri des archives et surtout la parution des derniers volumes.

 

Les officiers-rédacteurs du Service historique

 Du grade de capitaine à celui de général, 74 officiers participent à la rédaction des AFGG entre 1919 et 1938. A ces officiers, il faut ajouter le personnel civil, dont deux archivistes, employé au tri des archives. Dans Témoins (1929), Jean Norton Cru (1879-1949) accorde peu de crédit à ces officiers qui « n’ont pas vu ce qu’ils racontent » et encore moins aux documents « parce qu’ils proviennent des rapports des chefs de section pour remonter toute une hiérarchie en étant résumés, amalgamés, fondus mais aussi corrigés, arrangés, changés afin de ne pas éveiller le mécontentement de l’échelon supérieur ».

 

 Contrairement à ce qu’affirme Norton Cru, beaucoup d’officiers du Service historique ont fait campagne au milieu de la troupe et certains ont été blessés grièvement. La majorité vient de l’infanterie mais on trouve aussi des cavaliers et des artilleurs et même un aviateur. Moins d’un quart sont brevetés de l’école de guerre et passent ensuite colonel ou général. Certains ont montré dans le cours de leur carrière des prédispositions au travail historique en rédigeant des études, en passant des diplômes universitaires, en professant dans une école militaire ou en donnant des conférences.

 

 Globalement, les officiers du Service sont surtout recrutés « parmi ceux que leur culture générale, leur formation intellectuelle, leur tournure d’esprit critique, signaleront comme particulièrement aptes ». Des connaissances historiques sont appréciées mais la qualité et la clarté de la rédaction sont prépondérantes. Les qualités morales sont aussi recherchées : éducation, discipline, conscience au travail, etc. Ces qualités suffisent-elles à garantir la rigueur historique nécessaire ? On ne peut l’affirmer.